Hamlet, prince du Danemark à la MAC Créteil

L'alliance d'un chorégraphe et d'un metteur en scène de renom pour revisiter Hamlet de Shakespeare

Le célèbre drame de Shakespeare est présenté dans une pièce purement visuelle, sans paroles, portée par la scénographie et le mouvement des danseurs. Le metteur en scène Robert Lepage et le chorégraphe Guillaume Côté restent fidèles à l’histoire originale, ses cinq actes et ses scènes. On suit ainsi le prince Hamlet, qui voit le fantôme de son père récemment disparu dans des circonstances mystérieuses. Le fantôme lui apprend qu’il a été empoisonné par son oncle, Claudius, qui a usurpé le trône et épousé sa mère, Gertrude. Il enjoint alors Hamlet de le venger... Cette version dansée est portée par neuf interprètes virtuoses et aux profils divers : leur âge s’échelonne de 20 à 70 ans, avec un background classique, contemporain ou de danse urbaine, Le public est guidé dans cette histoire dense par un écran au-dessus de la scène qui diffuse quelques didascalies ainsi que des anagrammes ingénieuses. Malgré l'aspect parfois trop littéral des premiers tableaux, où les danseurs semblent mimer des répliques, le spectacle est une forme brillante de danse-théâtre rendant l'histoire accessible, tout en magnifiant le conflit intérieur d'Hamlet par le mouvement.

Un univers visuel onirique et cauchemardesque, l'alliance de la danse néo-classique et du hip-hop

La descente d'Hamlet dans sa folie meurtrière est amplifiée par l'éclairage, dru ou vaporeux, et la musique originale, ténébreuse et lyrique, de John Gzowski. Les danseurs évoluent dans un univers visuel d'une beauté stupéfiante. Des pans de rideaux rouge sang et noirs sont habilement utilisés par Robert Lepage pour servir de transitions ou d'éléments de décor. Ils se transforment en draperies ou en murs d’où l’on espionne. L'atmosphère onirique ou cauchemardesque est suggérée par des jeux d’ombres fascinants, notamment pour la scène où le fantôme du père d'Hamlet révèle son assassinat. Le personnage d'Ophélie donne lieu à des effets impressionnants : son reflet est démultiplié par un jeu de miroirs, sa noyade est spectaculaire dans un grand drapé bleu manié à la verticale qui donne l'impression d'une vue plongeante vers une mer agitée. La chorégraphie allie le langage néo-classique cher à Guillaume Côté à des incursions de hip-hop et de breakdance.

"Chaque mouvement, chaque geste, est chargé de signification, sur la base du texte de Shakespeare. " Guillaume Côté

Guillaume Côté, du néo-classique au break-dance

Guillaume Côté est un danseur de renommée internationale et un chorégraphe prolifique. Il s'est formé à l’École nationale de ballet du Canada et a rejoint le Ballet national du Canada (BNC) en 1999 pour en devenir le danseur masculin principal en 2004. Il a brillé sur de grandes scènes, notamment au Royal Ballet, à l’American Ballet Theatre et à La Scala. Dans sa carrière de danseur, il a souvent interprété des princes charmants : son rôle d'antihéros d'Hamlet en devient un défi encore plus stimulant. Son style chorégraphique est ancré dans le langage néo-classique, même si ses œuvres sont souvent multidisciplinaires et explorent des styles comme les danses urbaines. En 2013, il a été nommé chorégraphe associé du Ballet National du Canada, et huit de ses pièces font désormais partie du répertoire de la compagnie. Parmi ses créations marquantes, on trouve Enkeli (Prix du public, 2012) et Fractals: A Pattern of Chaos (nommé pour la meilleure chorégraphie, 2012). Son premier ballet intégral, Le Petit Prince, a joué à guichets fermés au BNC en 2016. Ce Hamlet n'est pas sa première collaboration avec Robert Lepage : il a co-créé avec lui Frame by Frame en 2018, une pièce inspirée du travail de Norman McLaren, un pionnier du cinéma d'animation. En 2021, il a fondé sa propre compagnie, Côté Danse, axée sur la création multidisciplinaire. Il est également le directeur artistique du Festival des Arts de Saint-Sauveur depuis 2014. Il a été nommé Chevalier de l’Ordre national du Québec en 2021.

Robert Lepage, un metteur en scène

Robert Lepage est un artiste multidisciplinaire : acteur, réalisateur, auteur dramatique et metteur en scène. Malgré un intérêt précoce pour la géographie,il s'inscrit au Conservatoire d’art dramatique de Québec en 1975. Après un stage à Paris en 1978, il revient à Québec où il développe sa grande polyvalence artistique. Une étape cruciale de sa carrière est la fondation d’Ex Machina en 1994, une compagnie de création multidisciplinaire dont il est le directeur artistique. Il fait émerger le centre de production La Caserne en 1997 à Québec, lieu où la quasi-totalité des productions d’Ex Machina ont été créées jusqu’en 2019. Son côté visionnaire l’a également conduit à promouvoir la construction du théâtre Le Diamant, inauguré en 2019 au cœur de Québec. Lepage est connu pour son expertise théâtrale et sa connaissance approfondie d’Hamlet, qu’il a déjà monté et interprété en solo. Parmi ses mises en scène les plus célèbres, on compte les pièces de théâtre Les sept branches de la rivière Ōta et La Trilogie des dragons, les solos La Face cachée de la Lune et 887, ainsi que les opéras La Damnation de Faust et le cycle Der Ring des Nibelungen de Wagner. Il est également célèbre pour ses collaborations, notamment avec Peter Gabriel (The Secret World Tour) et le Cirque du Soleil (KÀ et TOTEM).
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Robert Lepage conception et mise en scène
Guillaume Côté co-conception et chorégraphie
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Kealan Mc Laughlin Hamlet
Sonia Rodriguez Gertrude
Robert Glumbek Claudius
Miyeko Ferguson Ophélie
Lukas Malkowski  Laërte
Michel Faigaux Polonius
Natasha Poon Woo Horatio
Connor Mitton Rosencrantz
Jake Poloz Guildenstern

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