Le Canard sauvage - Ibsen / Ostermeier

La révélation brutale d'un secret dévastateur

‍Le foyer heureux d'une famille norvégienne sans histoire. Hjalmar Ekdal, un photographe raté et père immature, vit avec son épouse Gina et leur fille Hedvig. Chacun vit dans un monde imaginaire où le père se rêve grand inventeur, le grand-père se rappelle un passé de glorieux sportif et la petite  Hedvig rêve de journalisme et se réfugie dans le grenier où un canard sauvage estropié vit dans une forêt imaginaire.  Derrière cette façade, chacun cache des secrets plus ou moins avouables. Gregers est un ami d'enfance de Hjalmar et fils du riche homme d'affaires Werle. Ce dernier avait engrossé sa servante Gina, puis l'avait mariée à Hjalmar  pour qu'il reconnaisse l'enfant. De surcroît, le père de Hjalmar  avait été emprisonné pour un crime commis par le père de Gregers. Un jour, après un long exil, le fils  Gregers  revient au domicile familial. Son tempérament idéaliste le pousse à dévoiler la vérité, au risque de causer des dégâts irrémédiables. Gregers, assoiffé de vengeance contre son père, cherche à imposer une "dictature de la vérité". Cette révélation met en lumière les secrets et la "déchéance" de deux lignées, celles des Werle et des Ekda.

La version de Thomas Ostermeier : un Canard sauvage lent et épuré

Thomas Ostermeier et Maja Zade ont écrit une adaptation de la pièce, "afin de la dépoussiérer quelque peu et d’en moderniser la langue". Certains des personnages secondaires n’existent plus. Le metteur en scène transpose l'œuvre d'Ibsen à l'époque actuelle. Un plateau tournant astucieux permet de basculer entre deux décors antinomiques : le salon chic et triste des nantis Werle et l'intérieur popu et défraîchi des Ekdal, où règne une apparente sérénité. Hjalmar au look post-soixante-huitard joue d'une guitare électrique éraillée. Hedvig est une jeune femme engagée dans des combats féministes et syndicaux. Les aspects allégoriques et fantastiques de la pièce semblent effacés au profit d'une version lente centrée sur le texte et les personnages.

" C’est la passion de la vérité qu’a le personnage idéaliste de Gregers Werle qui m’a le plus attiré." Thomas Ostermeier

Ibsen et le théâtre moderne

Henrik Ibsen (1828-1906) est considéré comme le père du théâtre moderne. Né à Skien en Norvège, il connaît une enfance difficile marquée par la faillite familiale. Pharmacien de formation, il se tourne vers l'écriture théâtrale à 23 ans. Ibsen révolutionne le théâtre en abandonnant le romantisme pour un réalisme psychologique saisissant. Ses pièces explorent les conventions sociales, l'hypocrisie bourgeoise et la condition féminine avec une audace inédite. Il maîtrise parfaitement la technique du "drame analytique" où le passé surgit progressivement pour éclairer le présent. Ses œuvres majeures incluent La Maison de poupée (1879), scandale retentissant qui montre une femme quittant son foyer, Les Revenants (1881) qui aborde la syphilis et l'euthanasie, et Hedda Gabler (1890), portrait fascinant d'une femme destructrice. Ces pièces, initialement censurées, sont aujourd'hui des classiques universels qui continuent d'interroger notre époque.
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Thomas Ostermeier et Maja Zade adaptation
Thomas Ostermeier mise en scène
Avec Thomas Bading, Marie Burchard,Stephanie Eidt, Marcel Kohler, Magdalena Lermer, Falk Rockstroh, David Ruland, Stefan Stern

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