Ariodante, de Haendel, à l'Opéra Royal de Versailles

L'intrigue d'Ariodante, jalousie et machination à la Cour d'Ecosse

Ariodante aime Ginevra, la fille du roi d’Écosse, et elle l’aime en retour. Le roi consent à leur mariage. Mais Polinesso, duc d’Albany, nourrit une passion non partagée pour Ginevra. Pour se venger de son rejet et faire tomber Ariodante, il élabore un plan machiavélique. Il convainc Dalinda, une suivante amoureuse de lui, de se déguiser en Ginevra afin de faire croire à une liaison. Ariodante fuit la cour et tout le monde le croit mort. Le roi, apprenant l’infidélité prétendue de sa fille, la renie. Mais la vérité finira par éclater et l'honneur sera sauvé... Si l'histoire s’inspire d’un épisode du Rolando furioso, fameuse épopée chevaleresque de l’Arioste, il n’y est pas question de magie ou de créatures fantastiques, mais de personnages profondément humains, même lorsque leurs passions les poussent à des actes malveillants.

Un coup de maître de Haendel pour garder son rang

Ariodante fut créée au théâtre de Covent Garden à Londres en 1735. L’écriture de cet opéra a nécessité un soin particulier de la part du compositeur. À cette époque, Haendel faisait face à une concurrence sérieuse, notamment celle de L’Opera of the Nobility, financée par le Prince de Galles, qui lui avait débauché certaines de ses stars. Il était crucial pour lui de s’assurer de la reconnaissance et de l’enthousiasme du public londonien. Ariodante est souvent considéré comme l'opéra le plus parfait de Haendel. De grands airs, d’une exigence extrême, expriment les vertiges émotionnels des protagonistes avec une puissance extraordinaire. Le rôle-titre est écrit pour le célèbre castrat italien Giovanni Carestini, rival de Farinelli. La partition donne à l'orchestre une virtuosité conçue pour éblouir les auditeurs et relancer la tension dramatique. Pour affirmer son sens du théâtre et la magie lyrique, Haendel intègre des ballets et invite pour la création la danseuse et chorégraphe parisienne Marie Sallé, l’une des premières femmes chorégraphes à alléger les costumes de danse. De simples robes de mousseline...

Stefan Plewniak redonne l’éloquence et la vitalité à cette œuvre écrite avec un soin particulier par Haendel.

Franco Fagioli et Catherine Trottmann, deux interprètes hors normes

Sous la direction de Stefan Plewniak, cette version donnée à Versailles compte surtout sur deux célèbres têtes d'affiche : le contre-ténor argentin Franco Fagioli dans le rôle d'Ariodante, et la soprano française Catherine Trottmann dans celui de Ginevra. Spécialiste du baroque, Franco Fagioli s’est fait connaître par ses interprétations d’opéras de Haendel (notamment Giulio Cesare, Ariodante, Teseo) et d’autres compositeurs baroques comme Vinci, Porpora ou Hasse. Doté d’une tessiture très étendue (près de trois octaves), il se distingue par une virtuosité technique impressionnante, une ligne de chant éclatante et une grande expressivité dramatique. La soprano Catherine Trottmann a fait ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Révélée au grand public en 2017 lors des Victoires de la Musique, elle se distingue par la richesse de son timbre, son agilité musicale et sa présence scénique.

Un court portrait de Georg Friedrich Haendel, référence du baroque

Né à Halle, en Allemagne, Georg Friedrich Haendel (1685-1759) montre très jeune un talent musical exceptionnel. Après des études en Allemagne et en Italie, il s’installe à Londres en 1712, où il deviendra une figure centrale de la musique baroque. Son style est un savant mélange de rigueur allemande, de virtuosité italienne et de raffinement anglais. Haendel est connu pour sa capacité à combiner des thèmes religieux et profanes avec une grande émotion et une intensité dramatique hors du commun. Il est célèbre pour ses opéras (Alcina, Ariodante, Giulio Cesare, Rinaldo), sa musique sacrée (dont le fameux Messie) et ses compositions instrumentales comme les Water Music.
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Dramma per musica en trois actes (1735)

Stefan Plewniak direction
Nicolas Briançon assisté d’Elena Terenteva mise en scène
Pierre-François Dollé chorégraphie
Franco Fagioli Ariodante
Catherine Trottmann Ginevra
Théo Imart Polinesso
Gwendoline Blondeel Dalinda
Laurence Kilsby Lurcanio
Nicolas Brooymans Le Roi d’Écosse

Académie de danse baroque de l'Opéra Royal
Orchestre de l'Opéra Royal

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