Eugène Onéguine de Tchaïkovski à l'Opéra de Paris

Engène Onéguine, une histoire d'immaturité et d'amour frustré

Classique de la littérature russe, Eugène Onéguine est un roman en vers d’Alexandre Pouchkine écrit entre 1821 et 1831. Il brosse le portrait d’un jeune dandy aristocratique, Eugène, brillant, mélancolique et désabusé. Il tente de se dérober à la vie mondaine de Saint-Pétersbourg en se réfugiant à la campagne. Il y fait la connaissance de Lenski, jeune poète de 18 ans fiancé à Olga, qui devient son meilleur ami. Dans cette campagne tranquille, Onéguine impressionne la rêveuse Tatiana, la sœur d’Olga, qui tombe follement amoureuse de lui. Elle lui écrit une longue lettre passionnée. Le lendemain, Onéguine lui répond poliment mais fermement qu’il ne souhaite pas se marier et qu’il n’est pas fait pour l’amour. Par désœuvrement, il séduit lors d’un bal Olga, la fiancée de Lenski. Ce dernier, fou de douleur, le provoque en duel. Eugène le tue, malgré lui. Désemparé, il quitte la région. Des années plus tard, à Saint-Pétersbourg, Onéguine revoit Tatiana, devenue une grande dame respectée, mariée au prince Grémine. Il comprend alors qu’il l’aime sincèrement et lui écrit à son tour une lettre ardente. Tatiana reconnaît qu’elle éprouve encore des sentiments pour lui, mais reste fidèle à son mari.

Un opéra mélodieux d'une grande intensité

Tchaïkovski ne garde que quelques scènes emblématiques du texte de Pouchkine dans son livret : le roman étant tellement connu à l'époque, il savait que le public n'aurait aucun mal à suivre l'histoire. Le compositeur parvient tout de même à maintenir toute la poésie de l'auteur en y ajoutant une mélodie dramatique. Il crée ainsi une œuvre intimiste et nostalgique sur le temps qui passe, l’amour perdu et l’amitié trahie. Il fait de ses personnages des héros romantiques au destin déchirant, pleins de passions autant que de désillusions.  Sur le plan musical, il privilégie la fluidité mélodique, les couleurs orchestrales délicates et une grande attention au détail psychologique. Les airs sont souvent intégrés de manière naturelle au récit, sans virtuosité gratuite : la musique accompagne les états d’âme des personnages, notamment ceux de Tatiana et d’Onéguine, avec une sensibilité proche du lyrisme romantique russe. C'est l'un des chefs les plus renommés de notre époque, le russo-américain Semyon Bychkhov, qui saura révéler la richesse musicale de l’œuvre. C'est d'ailleurs un expert du compositeur : il poursuit depuis 2013 un Projet Tchaikovski avec l’Orchestre Philharmonique tchèque, avec pour mission d'explorer la musique du compositeur russe à travers des concerts, des résidences et des enregistrements.

"Je me suis toujours senti proche d'Onéguine." Ralph Fiennes

Tchaïkovski, un monument du romantisme russe

Piotr IlyitchTchaïkovski (1840-1893) est né à Votkinsk (Russie) dans une famille de la petite noblesse. Il montre très tôt des aptitudes musicales. Après une formation juridique et quelques années dans l’administration, il entre au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, puis enseigne la composition à Moscou. Sa vie privée est marquée par des difficultés psychologiques et une homosexualité contrainte au secret dans la société de son temps. Le soutien financier de la mécène Nadejda von Meck lui permet de se consacrer pleinement à la composition. C’est une figure centrale du romantisme, avec un style caractérisé par une intense expressivité mélodique, un sens aigu du drame, des couleurs orchestrales riches et une capacité unique à traduire les émotions humaines. Tchaïkovski est célèbre pour ses ballets emblématiques Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant et Casse-Noisette. Parmi ses autres œuvres-phares figurent la Symphonie n°6 “Pathétique”, le Concerto pour piano n°1, le Concerto pour violon, ainsi que des opéras tels que Eugène Onéguine et La Dame de pique.

Première mise en scène lyrique de Ralph Fiennes

Après des études à la Royal Academy of Dramatic Arts, le Britannique Ralph Fiennes rejoint successivement la troupe du Royal National Theatre en 1987, puis la Royal Shakespeare Company en 1989, où il interprète de nombreuses œuvres de Shakespeare et des pièces classiques. Sa carrière cinématographique s’envole dans les années 1990 avec ses rôles dans La Liste de Schindler (1993), puis dans Le Patient anglais (1996), qui lui valent des nominations aux Oscars. Parallèlement, il incarne des personnages très divers, avec un répertoire qui va du romantique au sombre et angoissant comme son rôle de mage maléfique dans la saga Harry Potter. Ralph Fiennes est aussi un metteur en scène de cinéma avec des titres comme The Invisible Woman (2013) sur la relation secrète de l’écrivain Charles Dickens avec une jeune actrice de 18 ans, puis avec The White Crow (2018), un biopic sur le danseur Rudolf Noureev. Il fait preuve d’une grande sensibilité pour les histoires d’artistes, les destins personnels et la psychologie intime. Eugène Onéguine est sa première mise en scène d’opéra, pour lequel il a collaboré avec le décorateur canadien Michael Levine, un habitué des plus grandes scènes lyriques du monde.
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Scènes lyriques en trois actes et sept tableaux (1879) d'après Alexandre Pouchkine

Piotr IlyitchTchaïkovski livret et musique
Semyon Bychkhov (23/01-15/02) / Case Scaglione (18/02-27/02) direction musicale
Ralph Fiennes mise en scène
Michael Levine décors
Annemarie Woods costumes

Boris Pinkhasovich (baryton) Eugène Onéguine
Ruzan Mantashyan (soprano) Tatiana
Bogdan Volkov (ténor) Lenski
Marvic Monreal (mezzo-soprano) Olga
Dmitry Belosselskiy (basse) le Prince Grémine
Susan Graham (mezzo-soprano) Madame Larina
Elena Zaremba (mezzo-soprano) Filipievna
Peter Bronder (ténor) Monsieur Triquet
Amin Ahangaran (basse) Zaretski
Mikhail Silantev (baryton) Le Lieutenant

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

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