Expo photo : Denise Bellon au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme
L'une des meilleures expositions de photographie du moment : Denise Bellon, un regard vagabond, rend justice à une artiste dont l’œuvre riche et variée a profondondément marqué le photojournalisme du XXe siècle. À voir au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Paris.
Une exposition photo à ne pas manquer : Denise Bellon - Un regard vagabond
- Denise Bellon, grande figure du phojournalisme du XXe siècle
- Un parcours chronologique autour des grandes étapes de la carrière de Denise Bellon
- Denise Bellon et le Surréalisme, un compagnonnage étroit
- La peinture émouvante des communautés juives

Qui est Denise Bellon ? Une grande photographe française du XXe siècle
Denise Bellon (née Hulmann) naît à Paris en 1902 dans une famille juive parisienne d’origine alsacienne et allemande. Elle obtient son baccalauréat de philosophie en 1921 et étudie la psychologie à la Sorbonne. Après avoir divorcé à l'âge de 28 ans, elle choisit l'autonomie et se lance en autodidacte dans la photographie en conservant le nom de son premier mari, Jacques Bellon, pour son activité professionnelle. En 1934, elle participe à la fondation d'Alliance photo, la première agence photo coopérative de l’entre-deux-guerres. Son style est fortement influencé par l'esthétique de la "Nouvelle Vision" allemande : cadrages audacieux, contre-plongées et compositions d'impact, notamment à travers son utilisation du Rolleiflex (format 6x6cm). Rompant avec les conventions bourgeoises de sa famille, Denise Bellon développe un « regard vagabond » empreint d’humanisme et d’une grande curiosité pour le monde (Balkans, Afrique, Finlande) et l’insolite (surréalisme, portraits des bidonvilles de la Zone de Paris). Son œuvre se distingue par son exceptionnelle diversité, couvrant les voyages, la vie sous l'Occupation, le surréalisme et le cinéma.
Le parcours de l'exposition : les grandes étapes de la carrière de Denise Bellon
Après une introduction sur son enfance et ses débuts en 1933, la deuxième section se concentre sur les "Années Alliance photo" (1934-1940). Dans cette étape cruciale de sa vie de photographe, Denise Bellon se rapproche de la "Nouvelle Vision" pour documenter la vie moderne et l'insolite parisien, notamment les enfants et les Gitans de la Zone de Paris. La troisième partie, "Échappées belles" (1934-1939) donne à voir ses reportages à l'étranger. L'artiste y montre son regard curieux et sensible à travers les Balkans, le Maroc, la Finlande et l'Afrique-Occidentale française. Vient ensuite "Le temps du silence" (1939-1945), qui couvre sa vie à Lyon sous l'Occupation. On y voit des clichés sombres des traboules et des reportages sur le Secours national et la Croix-Rouge. Enfin, les sections "Une nouvelle vie" et "En compagnie des artistes" documentent l'après-guerre, incluant ses travaux sur le maquis espagnol et les communautés juives, ainsi que son introduction dans les milieux artistiques parisiens, notamment du cinéma.
"Pourquoi ai-je choisi la photo ? Parce que son côté magique m’a toujours fascinée. Que l’on puisse, en appuyant sur un bouton, immobiliser le temps, cet éternel ennemi de l’homme…"
Denise Bellon et le Surréalisme, un compagnonnage étroit
Denise Bellon est considérée comme un "compagnon de route" essentiel du mouvement surréaliste, dont elle a documenté l'évolution de 1938 à 1965. Elle côtoie ce cercle artistique d'abord grâce à son amitié avec les sœurs Maklès, dont les époux étaient Georges Bataille et André Masson. Son beau-frère, Jacques Brunius, est un proche d'André Breton, qui lui demande de couvrir les expositions internationales du Surréalisme en 1938, 1947, 1959 et 1965. Son propre style photographique montrait déjà une affinité avec l'esthétique surréaliste : elle explore l'insolite dans la banalité quotidienne des rues et s'attarde sur des objets comme les mannequins en vitrine ou les enseignes. Ses clichés des œuvres et installations d’artistes-clés (Victor Brauner, Frederick Kiesler) ainsi que des figures du mouvement – dont Salvador Dalí et son Taxi pluvieux – sont d'une importance capitale, car ils constituent souvent la seule trace existante de ces manifestations éphémères.
Denise Bellon et les communautés juives de l'après-guerre
Née dans une famille juive progressiste, Denise Bellon épouse en 1940 Armand Labin, un journaliste juif roumain et résistant, dont elle a dissimulé l'identité à Lyon pendant la guerre. Elle a réalisé des reportages photographiques majeurs sur des communautés et institutions juives. En 1945, elle fait un reportage bouleversant sur la Maison des enfants de Moissac, un refuge qui a sauvé plus de cinq cents enfants juifs durant l'Occupation. Ses photos, prises après la Libération, illustrent un temps de "reconstruction, de résilience et d’espoir dans le désespoir". De son voyage en Tunisie en 1947, elle rapporte de magnifiques images de la communauté juive de Djerba, ses rites et ses costumes traditionnels.
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Vitrine -Paris (1935)
Gitanes - La zone, Paris (1938)
Danseuse - Man, Côte d'Ivoire (1939)
Enfants à la synagiogue - Djerba, Tunisie (1947)






