George Condo au Musée d'Art Moderne de Paris

George Condo, un artiste contemporain nourri d'histoire de l'art

Né en 1957 à Concord, New Hampshire, George Condo étudie l’histoire de l’art et la théorie musicale avant de s’installer à New York en 1979. Il est rapidement introduit dans la scène artistique et travaille notamment pour l’atelier de sérigraphie d’Andy Warhol. Il se lie d’amitié avec Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. De 1985 à 1995, il vit principalement à Paris. Son expertise de l’art européen l’amène à développer une approche singulière de la peinture figurative. Artiste complet - peintre, dessinateur, sculpteur - son style mélange les maîtres du passé comme Rembrandt et Picasso avec la culture pop, les cartoons et le graffiti de notre époque. Son œuvre est célèbre pour ses visages déformés, drôles ou inquiétants, appelés "humanoïdes", qui interrogent la complexité humaine. Condo est le fondateur du mouvement personnel du "réalisme artificiel" qui cherche à inventer un nouveau langage plastique en se nourrissant de l’histoire de l’art.

Le parcours thématique de l'exposition : dans la tête de George Condo

L'exposition, organisée en dialogue étroit avec l’artiste, couvre plus de quatre décennies de sa carrière avec près de 80 peintures, 110 dessins et une vingtaine de sculptures emblématiques. Le parcours thématique s'immerge dans l'imagination foisonnante de Condo et se déploie autour de trois thèmes majeurs qui reviennent constamment dans son œuvre : le rapport à l’histoire de l’art, le traitement de la figure humaine et le lien à l’abstraction. La visite commence par la section des liens avec l’histoire de l’art. Des œuvres comme les Combination Paintings et celles du "Réalisme artificiel" montrent comment Condo s'approprie et distord les canons classiques. Le parcours inclut une section dédiée à la relation de l'artiste avec la littérature, notamment la Beat Generation, dans un cabinet d'arts graphiques regroupant plus d’une centaine de dessins. La section suivante est consacrée à la figure humaine et aux "humanoïdes". L'artiste explore la complexité psychique de l'être humain, notamment dans la série des Doubles Portraits qui témoigne de son approche de "cubisme psychologique" pour explorer la profondeur mentale des personnages. L’exposition se termine par une exploration de l’abstraction avec les séries des Expanding Canvases et des Compositions monochromes (notamment les Black Paintings). Les dernières productions de l'artiste sont particulièrement virtuoses avec une composition vibrante et flambloyante en équilibre sur une diagonale.

"Le potentiel monstrueux de l’humain, capable d’outrepasser les limites de la raison, est un instant que j’aime saisir dans mes tableaux." George Condo

Le style de George Condo : la réalité dans tout ce qu'elle a de terrifiant

George Condo remet en question les conventions établies dans l'histoire de l’art. Selon lui, la figuration et l'abstraction sont "fondamentalement une seule et même chose". Il a créé le concept de "cubisme psychologique" pour décrire sa capacité à représenter plusieurs émotions dissemblables dans un seul portrait. Condo peint la réalité contemporaine telle qu'il la perçoit. Son travail décrit le présent dans tout ce qu'il a de terrifiant, incluant le grotesque et la noirceur, une réalité que notre croyance au progrès nous empêchait de reconnaître. Il exprime aussi sa fascination pour "la tragi-comédie, telle qu’elle se présente dans des pièces de Shakespeare" et le "potentiel monstrueux de l’humain". L'artiste estime que la réalité est créée à partir de ce que nous souhaitons voir et que le monde de l'artiste se trouve "à l’intérieur de notre esprit". Enfin, il souligne le rôle essentiel du dessin, qu'il considère comme le maillon le plus important de la création picturale pour élaborer la composition et à "penser à haute voix".

Une exposition de grande ampleur

C'est la plus grande exposition jamais consacrée à George Condo et la première rétrospective majeure de son œuvre en France depuis trente ans. L'exposition est aussi le dernier chapitre d’une "trilogie new-yorkaise" du Musée d'Art Moderne qui explore l’émergence d’une nouvelle génération de peintres des années 1980, après Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. On découvre un artiste majeur qui a su créer une synthèse unique entre rupture et classicisme, en insistant sur des références à la Renaissance et à la peinture espagnole dans un contexte artistique dominé par l'abstraction. Sa pratique mêlée, qui s'inspire des maîtres anciens tout en intégrant des références à la pop culture, a fait de lui le "chaînon manquant" qui a libéré une nouvelle génération d'artistes. En réunissant pour la première fois à Paris un ensemble d'œuvres majeures provenant de musées américains et européens prestigieux (MoMA, Met, Whitney, etc.), l'événement souligne la longévité de son œuvre et son pouvoir de prémonition.

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