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John Singer Sargent - Éblouir Paris au Musée d'Orsay

Superbe exposition John Singer Sargent au Musée d'Orsay, une première en France. Où l'on redécouvre l'immense talent d'un maître de la lumière, du portrait et de la psychologie picturale.

23/9/2025
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11/1/2026
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Musée d'Orsay

John Singer Sargent, un grand peintre à découvrir au Musée d'Orsay

  • Un talent précoce découvert chez Carolus-Duran
  • 10 ans pour conquérir Paris et affimer son statut de grand peintre
  • Première rétrospective en France : une redécouverte impérieuse
  • "Madame X", le scandale provoqué par un coup de maître
Exposition John Singer Sargent Eblouir Paris Musée d'Orsay
Madame X (1883-1884 - détail) © The Metropolitan Museum of Art

John Singer Sargent, un talent précoce stupéfiant

John Singer Sargent est né à Florence en 1856 dans une famille américaine aisée qui mène une vie itinérante en Europe. Dès l’âge de douze ans, il développe une passion précoce pour le dessin et l’aquarelle. Ses parents choisissent de s’installer à Paris en mai 1874 pour qu'il reçoive un meilleur enseignement artistique. À dix-huit ans, il devient l’élève prodige de Carolus-Duran, un peintre "réaliste" et portraitiste à succès. Le maître est impressionné par la qualité de ses esquisses. En parallèle, le jeune homme réussit le concours d’entrée à la prestigieuse École des Beaux-Arts. Sargent, bien que nomade, travaille dans son atelier parisien. Il compose des œuvres ambitieuses à partir d'esquisses peintes en plein air lors de ses excursions en France ou dans le bassin méditerranéen (Espagne, Italie, Maroc). Il brille par la qualité du traitement de la lumière, les effets d'atmosphère vaporeux, les expressions affirmées et complexes de ses portraits. Il se fait connaître au Salon de Paris, le lieu où il faut se faire remarquer pour établir sa réputation. Reconnu comme un brillant portraitiste de la « Belle époque » et un aquarelliste virtuose, il devient un « maître » moderne à 36 ans, notamment après le succès de "Carmencita" en 1892. Ses portraits, nombreux dans l'exposition, sont d'une incroyable maîtrise de la matière et de la psychologie des personnages. Son œuvre la plus célèbre  reste le portrait de "Madame X" (Virginie Gautreau) qui créa un scandale et le poussa à s'exiler.

Le parcours de l'exposition : chronologie d'une réussite accélérée

L’exposition, produite avec le Metropolitan Museum de New York, se concentre particulièrement sur les années de jeunesse de John Singer Sargent et son ambition de s'imposer dans la capitale française, alors épicentre de l'innovation artistique. Elle retrace les grandes étapes de la vie de l'artiste, depuis son entrée à l’atelier de Carolus-Duran en 1874 jusqu’au scandale de "Madame X" dix ans plus tard, qui a précipité son départ pour Londres. Durant cette décennie, Sargent a réalisé des tableaux parmi les plus audacieux et provocants de sa carrière, qui sont exceptionnellement réunis pour l'occasion. Les sections thématiques explorent son parcours : l'élève prodige de Carolus-Duran, les portraits de ses amis de classe déjà prodigieux comme ceux d'Albert de Belleroche, les peintures de voyage lumineuses et intimes, le grand portraitiste émancipé des conventions sociales et artistiques. Parmi les œuvres présentées figurent notamment les portraits qu'il envoyait chaque année au Salon entre 1877 et 1884, ainsi que des  portraits d’amis et d’artistes, comme celui d'Auguste Rodin. L'exposition rappelle le triomphe ultérieur de Sargent : en 1892, il obtint une "revanche éclatante" avec le portrait de "Carmencita", acheté par l’État pour le Musée du Luxembourg, confirmant qu'il était déjà reconnu comme un "maître" moderne à seulement 36 ans.

"La peinture de Sargent offre le spectacle étrangement inquiétant d'un talent qui, au seuil de sa carrière, n'a déjà plus rien à apprendre." Henry James, 1887

Une redécouverte plus que nécessaire

Aucun musée français n'avait encore consacré d’exposition monographique à John Singer Sargent. Le centième anniversaire de sa mort est l'occasion pour le Musée d'Orsay de réparer cette lacune immense. L'exposition permet ainsi de redécouvrir en France l’un des plus grands artistes de sa génération et retrace plus particulièrement l'ascension de Sargent à Paris, alors capitale du monde de l’art. Parmi les œuvres présentées, on trouve de sublimes portraits qui mêlent virtuosité, sensualité et un sentiment étrange qui intrigue et interpelle. Des pièces prêtées par des institutions prestigieuses sont à voir absolument, comme les portraist de Mme. Subercaseaux, du Dr. Pozzi chez lui, de la famille Pailleron, de Mme. White ou encore cette magnifique réunion d'enfants inspirée des Ménines de Velázquez intitulée "Les Filles d'Edward Darley Bolt".

Le scandale de "Madame X"

C'est à l'âge de 28 ans que John Singer Sargent peint le portrait de Virginie Gautreau, elle-même âgée de 25 ans. Le tableau provoque un immense scandale au Salon de 1884. Virginie Amélie Avegno, épouse Gautreau, est née à la Nouvelle-Orléans. C'était une grande figure de la vie mondaine parisienne. Fasciné par sa beauté atypique et fardée, Sargent l'avait convaincue de poser. L’artiste redoutait les réactions, conscient du caractère exceptionnel et provocant de l’œuvre. Dès l’ouverture du Salon, le tableau a attiré tous les regards. Le scandale était fondé sur plusieurs éléments jugés inconvenants : le profil du modèle considéré comme hautain, le décolleté plongeant, le maquillage trop prononcé et surtout la bretelle droite descendue sur l’épaule. Bien qu'une partie de la critique ait reconnu l'importance de l'œuvre, la réception négative ébranla la trajectoire de Sargent après une ascension fulgurante. Suite à la controverse, Sargent repeignit la bretelle sur l’épaule. Il garda le portrait dans son atelier jusqu'en 1916, le rebaptisant alors "Madame X" Ce coup de maître était pour l'artiste "la meilleure chose qu’il ait faite" avant de le vendre au Metropolitan Museum of Art de New York. Bien que Sargent ne quitte pas Paris immédiatement, le scandale contribue à son départ. Il s'installe définitivement dans la capitale britannique en 1886.

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23/9/2025
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11/1/2026
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Musée d'Orsay
Esplanade Valéry Giscard d'Estaing 75007 Paris
Du mardi au dimanche de 9 h 30 à 18 h, nocturne le jeudi jusqu'à 21 h 45

Albert de Belleroche (vers 1883) Collection particulière
Portrait de Madame Ramón Subercaseaux (vers 1880-1881 - détail) Fayez S. Sarofim Foundation
Le Dr. Pozzi chez lui (1881) Hammer Museum, UCLA, Los Angeles
Portrait de Mme. Henry White (1883 - détail) National Gallery of Arts, Washington

Photos Culture First
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