5 expositions à ne pas manquer aux Rencontres de la photographie à Arles

On Country - Photographie d'Australie - Eglise Sainte-Anne

Une sélection d'artistes de toutes origines qui témoignent de leur attachement à la terre et à la langue dans ses aspects visibles comme invisibles. À travers leur travail, l’exposition explore les relations anciennes et nouvelles entre Pays et colonialisme, entre communauté et identité aujourd’hui en Australie. On admire en particulier : les clichés colorés et spectaculaires de Tony Albert et David Charles Collins qui mettent en scène des enfants de la communauté isolée de Warakurna costumés en super-héros dans un décor d'épaves de voitures ; les paysages percutants de Ricky Maynard dans les terres autochtones de Tasmanie ; le décor clinquant et fragile de Côte d'Or, une station balnéaire symbole de la promotion immobilière touristique, photographié par l'artiste d'origine singapourienne Ying Ang.

Letizia Battaglia - J'ai toujours cherché la vie - Chapelle Saint-Martin du Méjan

Artiste engagée et photographe de presse célèbre, l'Italienne Letizia Battaglia est surtout connue pour son regard surla société sicilienne des années 70 à 90. L’exposition met en lumière la volonté de l’artiste de représenter sa ville natale de Palerme et sa région dans toutes leurs composantes : la misère des plus démunis et l'ostentation des plus fortunés, l’amour et la joie, la beauté des visages des filles et des garçons, les traditions et fêtes religieuses. L'artiste a pris des risques considérables en photographiant les ravages du crime organisé sous la férule de la mafia : scènes de meutres, obsèques de grandes figures de la lutte anti-mafia, arrestations de criminels. Letizia Battaglia montre aussi le visage complexe et surprenant des plus marginaux, comme lors d'un bal costumé dans un hôpital psychiatrique. Lauréate en 1985 du prestigieux prix de la photographie humaniste W. Eugene Smith, Letizia Battaglia s’ouvre à d’autres régions du monde – de l’Union soviétique aux États-Unis, de la Turquie à l’Islande.

Le monde de Louis Stettner (1922-2016) - Espace Van Gogh

Le monde d'un des plus grands photographes du XXe siècle est beaucoup centré à New York et à Paris où l'artiste vécut de 1947 à 1952 avant de s'y installer définitivement en 1990 dans une maison à Saint-Ouen, près du marché aux puces. Louis Stettner s'attache aux gens ordinaires que son objectif capture dans des moments anodins, comme dans ses célèbres séries dans le métro new-yorkais ou à Penn Station. C'est aussi un relai des grandes luttes sociales ouvrières, féministes ou pour les droits civiques, ce qui lui valut d'être surveillé par le FBI. À Paris, il saisit le bouillonnement de la vie quotidienne, les boutiques des commerçants, les touristes devant les monuments. Louis Stettner est aussi un artiste nomade qui vit pendant des périodes prolongées au Mexique, au Portugal, en Espagne, en France, en Angleterre et aux Pays-Bas. C'est une grande figure de la tradition humaniste en photographie.

Berenice Abbott, Anna Fox et Karen Knorr - U.S. Route 1 - Palais de l'Archevêché

Entre juillet et septembre 1954, Berenice Abbott, accompagnée de ses assistants et chauffeurs Damon et Sara Gadd, sillonne la Route 1, la plus ancienne route des États-Unis qui s’étend du Nord au Sud du pays entre Fort Kent, dans le Maine, à la frontière canadienne, et les Keys, en Floride. Le parcours lui donne l'opportunité de refléter la diversité des paysages et des populations, mais aussi l'uniformisation croissante dans une société consumériste dominée par l'automobile. Ce projet méconnu a inspiré les photographes Anna Fox et Karen Knorr qui ont pris la route dans l'Est américain entre 2016 et 2019. Sur la route, à l’aide de différents formats et outils technologiques, de l’iPhone à la chambre grand format, elles photographient les petites villes, les communautés, les pharmacies, les cafés, les motels et les restaurants. Un portrait d'une Amérique de plus en plus polarisée et conservatrice.

Claudia Andujar - À la place des autres - Maison des peintres

Née en Suisse dans une famille juive et protestante, Claudia Andujar a grandi en Transylvanie. Rescapée de l'Holocauste, elle s'exile en 1946 aux Etats-Unis, puis au Brésil où elle s'installe neuf ans plus tard. Des années 1950 aux années 1970, elle collabore avec de nombreux magazines, participe à des expositions et voyage à travers le pays. L'exposition dévoile le talent protéiforme d'une grande représentante de la photo brésilienne dans les années 60 et 70. Claudia Andujar montre la vie urbaine démesurée de São Paulo, explore l'intimité des familles brésiliennes, les femmes et la féminité. Elle s'intéresse aussi à la nature dans une veine écologique, avec de premières incursions dans la forêt amazonienne en 1970. En 1971, alors qu’elle travaille pour le magazine Realidade, sa rencontre avec le peuple Yanomami marque un tournant décisif dans son parcours. Dès lors, l’artiste s’y consacre pleinement, délaissant le vaste travail engagé les décennies précédentes.

Les autres expositions coup de cœur des Rencontres de la Photographie Arles 2025

• Diana Markosian - Père - Espace Monoprix : une exposition émouvante qui se vit comme un feuilleton. À l'âge de 7 ans, Diana et son frère sont emmenés aux États-Unis par leur mère sans dire au revoir à leur père. Les images de ce dernier sont découpées des photos de famille. Pendant 15 ans, le père cherche sa fille et son fils. Leurs retrouvailles à Moscou donnent lieu à des clichés d'une intense pudeur où l'on perçoit la douleur d'une séparation forcée.
• Kourtney Roy - La Touriste - Ancien Collège Mistral - La Canadienne défonce l'imaginaire du voyage touristique avec des clichés chic et choc qui créent la surprise en juxtaposant des éléments incongrus : un masque de plongée et une cigarette, une serviette de bain et un temple...
• Nan Goldin - Syndrome de Stendhal - Église Saint-Blaise - Un diaporama étonnant qui met en regard des images de chefs-d’oeuvre de l’art classique, de la Renaissance et du baroque avec des portraits des proches et des amours de Nan Goldin.
• Yves Saint Laurent et la photographie - La Mécanique générale - Le célèbre couturier a été photographié par les plus grands photographes : Avedon, Bailey, Beaton, Bourdin, Doisneau, Horst, Issermann, Lartigue, Meerson, Moon, Seidner, Sieff. L'exposition montre la relation unique qu’entretenait le couturier avec ce médium et ces photographes.
• Patrick Wack - Azov Horizons - Abbaye de Montmajour- En 2019, Patrick Wack parcourt les rives de la mer d'Azov, aux confins de l'Ukraine et de la Russie. La chronique d’un monde qui disparaît, dévoré par la guerre qui allait bientôt éclater.

Comment profiter au mieux des Rencontres de la photographie à Arles

Commencez par une halte au bureau des Rencontres, 34 rue du Docteur Fanton, pour récupérer un plan des sites et des expositions et acheter votre pass. Vous pourrez aussi y récupérer gratuitement des articles de presse sur les expositions. Faites ensuite votre itinéraire en optimisant les déplacements. Si vous avez peu de temps, ciblez les expositions que vous avez sélectionnées : la tentation est forte de tout voir et les propositions sont nombreuses ! Commencez tôt et faites une halte à la Croisière, un espace très original d'expositions où l'on peut aussi manger et boire un verre dans la grande cour (63 boulevard Emile Combes, à deux pas du Théâtre Antique).