Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Pontus Hulten au Grand Palais
Au Grand Palais, deux artistes rebelles, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, révolutionnent l’art du XXe siècle avec l'appui d'un conservateur de génie, Pontus Hulten. Plus qu'une monographie, l'histoire d'une immense complicité.
Saint Phalle, Tinguely et Hulten : une vie de complicité artistique
- Le parcours de l'exposition : une vie d'échanges fructueux
- Les grandes dates de la collaboration Saint Phalle, Tinguely et Hulten
- Niki de Saint Phalle, féministe et engagée
- Jean Tinguely, la satire de la société moderne

Une exposition qui retrace une vie de complicité artistique
L'exposition met en lumière un couple d'artistes rebelles qui ont marqué l'art de la deuxième moitié du XXe siècle. La Franco-américaine Niki de Saint Phalle (1930-2002) est représentée par des pièces célèbres comme ses "Tirs" performatifs qui défient la peinture et affirment le pouvoir féminin, ainsi que ses "Nanas" joyeuses et revendicatives. Son compère dans la vie comme dans l'art est le Suisse Jean Tinguely (1925-1991). Maître du mouvement, c'est le créateur de machines "inutiles" et cocasses qui dénoncent la mécanisation du monde industriel et l'absurdité de la société de consommation. Leur complice était Pontus Hulten, conservateur suédois hors normes qui a découvert et promu les deux artistes, d'abord au Modernamuseet de Stockholm, puis en tant que premier directeur du Musée national d'art moderne au Centre Pompidou. Leur collaboration est née dans la ruche artistique de l'Impasse Ronsin (Paris 14e) au milieu des années 1950. Hulten, avec sa vision novatrice d'un musée "ouvert sur la vie" et accessible, a propulsé leurs carrières par des expositions majeures et l'acquisition de leurs œuvres. Des projets emblématiques comme la monumentale installation éphémère "Hon" à Stockholm ou le "Crocrodrome de Zig et Puce" au Centre Pompidou illustrent cette symbiose artistique unique et leur influence durable.
Les grandes dates de la collaboration Saint Phalle, Tinguely et Hulten
• Milieu des années 1950 - Pontus Hulten, conservateur suédois et artiste, rencontre Jean Tinguely à Paris, à l'Impasse Ronsin. Il a un coup de cœur pour ses œuvres basées sur le mouvement. Au même endroit la même année, Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely font connaissance.
• 1958 - Hulten devient directeur du Moderna Museet de Stockholm. Il casse les codes et prône un musée "ouvert sur la vie" et accessible.
• 1960 - Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely se mettent en couple. Niki réalise ses premiers "Tirs", des performances où elle tire sur des panneaux recouverts de plâtre et de poches de peinture, un acte défiant la peinture traditionnelle et affirmant le pouvoir féminin.
• 1961 - Hulten organise une exposition majeure sur le mouvement à Stockholm, avec une trentaine d'œuvres de Tinguely. Hulten commande aussi à Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt la monumentale installation "Hon" (elle) au Moderna Museet de Stockholm, une "Nana" géante où le public entrait par l'entrejambe. Cette œuvre fondatrice fut un succès retentissant, mais elle était éphémère et a été détruite.
• 1971 - Même s'ils ne sont plus ensemble, Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely se marient avec l'engagement d'assurer la succession et préserver l'œuvre de celui ou celle qui viendrait à disparaître en premier.
• 1973 - Pontus Hulten est appelé à Paris pour préfigurer, puis diriger le Musée national d'art moderne au Centre Pompidou. Il emmène avec lui ses idées novatrices sur les institutions muséales.
• 1980 - Hulten organise une rétrospective Niki de Saint-Phalle au Centre Pompidou et y présente ses célèbres "Nanas" colorées et engagées, dont "Black Rosy", un hommage à Rosa Parks.
• 1988 - Hulten monte une rétrospective Jean Tinguely au Centre Pompidou. On y voit des œuvres majeures comme "L'Enfer" aujourd'hui au Centre Pompidou. Sur une estrade, de nombreuses sculptures sonores et mobiles allient des éléments d'origine végétale et animale à des pièces mécaniques et objets manufacturés divers.
• 1991 - À la mort de Tinguely, Niki de Saint Phalle lui rend un vibrant hommage en créant la série des "Tableaux éclatés" qui intègrent le mouvement dans ses œuvres.
• Projets majeurs réalisés sur la durée - Parmi leurs collaborations emblématiques figurent le "Cyclope", une construction monumentale de plus de 20 mètres de haut réalisée en 25 ans dans la forêt de Fontainebleau, et le"Crocrodrome de Zig et Puce", une immense installation participative de type "fête foraine" au Centre Pompidou.
"Pour moi, l’art est toujours une révolte, il reste révolte." Jean Tinguely
Niki de Saint-Phalle, féministe et engagée
Niki de Saint Phalle (1930-2002) est connue pour son œuvre audacieuse, colorée et engagée. Autodidacte, elle commence par la peinture, puis explore la sculpture, le collage et la performance. Dans les années 1960, elle se fait remarquer avec ses « Tirs », des performances où elle tire à la carabine sur des assemblages contenant de la peinture, pour dénoncer la violence et les conventions sociales. Elle devient célèbre pour ses « Nanas », grandes sculptures de femmes aux formes généreuses, joyeuses et colorées, qui célèbrent la féminité et l’émancipation. Son œuvre, souvent monumentale, s’ancre dans un engagement féministe, pacifiste et humaniste. Elle réalise également des projets d’art public, comme le Jardin des Tarots en Toscane, un parc de sculptures inspiré du tarot. Niki de Saint Phalle a marqué l’art contemporain par son style libre, exubérant et son refus des normes artistiques et sociales.
Jean Tinguely, la satire du monde moderne
Jean Tinguely (1925-1991) fut une figure rebelle et incontournable du XXe siècle. Installé à Paris à l'Impasse Ronsin dans les années 1950, il y trouve un terrain fertile pour ses expérimentations. Il est l'inventeur de machines bruyantes, poétiques et "inutiles", faites de rebuts de la société de consommation. Son art cinétique, basé sur le mouvement, le hasard et les sonorités, est une critique humoristique et ironique de la mécanisation et la soumission de l'homme à la machine. Parmi ses œuvres-phares, on compte les "Méta-matics" qui dessinent seules, ou encore Homage to New York, une pièce qui s'autodétruit de manière spectaculaire au MoMA de New York. Ses dernières œuvres, comme "L'Enfer", abordent la mort avec un humour cocasse.
Voir le top expositions
Jean Tinguely - Rotozaza (1967) Musée d'Art Contemporain, Marseille
Niki de Saint-Phalle - Nana (1965) Musée d'Art et d'Histoire, Fribourg
Niki de Saint-Phalle - La Promenade du dimanche (1971) Niki Charitable Art Foundation, Santee, Californie
Jean Tinguely - L'Enfer, un petit début (1984) Centre Pompidou, Paris
